Moi Lucifer
Titre : MOI LUCIFER
Auteur : Glen Duncan
Genre : fantastique, satire, biographie humoristique
Editeur : Denoël (grand format), Gallimard Folio (poche)
Bref résumé : Prisonnier (par la volonté de Dieu) du corps d'un écrivain fraîchement suicidé et chichement membré, moi, Lucifer, Ange Déchu, Porteur de Lumière, Prince des Ténèbres, de l'Enfer et de ce Monde, Seigneur des Mouches, Père du Mensonge, Suprême Apostat, Tentateur, Antique Serpent, Séducteur, Accusateur, Tourmenteur, Blasphémateur et, sans contestation possible, Meilleur Coup de l'Univers Visible et Invisible (demandez donc à Ève, cette petite garce), j'ai décidé – ta-daaah ! – de tout dire.
Tout? Presque. Le funk. Le swing. Le boogie. Le rock…
C'est moi qui ai inventé le rock. Si vous saviez tout ce que j'ai inventé : la sodomie, bien sûr, la fumette, l'astrologie, l'argent... Bon, on va gagner du temps : tout, absolument tout ce qui vous empêche de penser à Dieu. C'est-à-dire à peu près tout ce qui existe.
Mon avis : A travers le récit de Lucifer, piégé dans un corps humain suite a un pari avec Papy (Dieu), Glen Duncan nous offre à la fois un délicieux pamphlet, une vision assez hérétique de la dynamique des cieux, mais aussi et surtout un drôle de roman schizophrénique. Car Lucifer avant son incarnation humaine n'avait aucun sens (odorat, ouïe, vue...), et n'était pas soumis à la temporalité. Il est donc réguliérement "distrait" de son propos. Le texte semble donc à première vue être un assemblage hétéroclite de souvenirs, interpellations du lecteur, récits de l'action présente ou réflexions métaphysiques. L'humour (noir) et la familiarité de Lucifer peuvent autant faire sourire que grincer des dents. Car bien sûr, impossible qu'un auteur choisisse de se glisser dans la peau du Cornu si ce n'était pour taper un peu sur les doigts de la religion, mettre les siens dans une faille et agrandir les trous de la logique. En sus de l'humour et des réflexions théologiques, Duncan sait faire passer de réelles émotions dans son texte, parfois drôle, glaçant ou cru, et mettre en lumière les travers humains que l'on aimerait beaucoup imputer aux forces du Mal.
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